Puissante et fragile, millénaire et éphémère, bienvenue dans une découverte des beautés menacées de la Tarkine, la plus grande rainforest tempérée d’Australie !!

La Tarkine, forêt primaire millénaire de Tasmanie

Quelques mots sur la Tarkine

La Tarkine est une région de près de 4000 km2, située au Nord-Ouest de la Tasmanie. Elle est majoritairement recouverte par la forêt de Tarkine, la deuxième plus grande forêt humide tempérée au monde ! Un poumon vert d’une importance capitale pour notre planète mais qui malheureusement n’est pas encore protégé en tant que parc national par l’Australie ni reconnu comme patrimoine mondial par les Nations Unies (en 2024).

Carte de la Tarkine en Tasmanie, issue du site Roaming Down Under

Tarkine ou Takayna ?

Peut-être découvres-tu le nom de Tarkine ? Alors qu’en est-il de Takayna ? Takayna est le nom aborigène de Tarkine, en langue Palawa. Dans les années 1800 les aborigènes de Tasmanie (Lutruwita en langue Palawa) ont été décimés par les colons. Aujourd’hui l’Australie reconnait le massacre de ces peuples premiers et tend à réhabiliter les langues, les traditions et l’héritage aborigène.

Takayna, terre des aborigènes de Tasmanie depuis plus de 30 000 ans

Un héritage naturel et culturel menacé

Si une partie de la population souhaite protéger ce patrimoine de la Tarkine et le rendre aux aborigènes qui y ont de nombreux sites sacrés depuis des milliers d’années, cette magnifique forêt reste menacée.

Les compagnies forestières et minières, qui y ont des intérêts économiques forts, coupent des arbres millénaires et souhaitent inonder des vallées avec les eaux toxiques issues de la mine de zinc et de cuivre attenante.

La Bob Brown Foundation milite intensément pour la protection de la Tarkine. C’est dans ce cadre, pour « Art for Takayna » que j’ai pu m’y rendre et j’en parlerai plus en détail dans un futur article. L’objectif ici étant simplement de partager la beauté que j’ai pu ressentir en m’immergeant 4 jours dans cette forêt primitive.

Ouvrir son cœur à la magie du lieu

Pénétrer dans la forêt, doucement, avec respect. Insécure peut-être au premier abord. Différent. Monde de l’eau, des plantes, de la terre et bien d’autres.

Lovée contre un arbre ou au milieu des mousses, de merveilleux endroits pour se ressourcer

Sentir l’accueil de la forêt primaire

La forêt est dense, pleine, nourricière. Délicate et écorchée à la fois, remplie de tous les cycles de la vie. Cette atmosphère saturée en humidité, étend une grosse couche d’humus sous nos pieds et accueille les racines de l’humanité.

Parmi les mousses, parmi les fées, j’ose à peine m’y avancer, de peur d’écraser, d’abimer ce qui ne devrait être que contemplé.

Mais je m’offre cette liberté. De me poser dans ces endroits qui me font vibrer.

Alors je sens. Je sens en moi tout cet amour de la forêt. Je sens le cocon, la douceur, l’accueil. Je me sens aimée, embrassée.

Découvrir un monde ancestral, subtil et éphémère

Au détour des promenades, les yeux et le cœur grands ouverts, j’observe et ressens les lieux.

Cet automne tasmanien laisse place aux rois du recyclage et de la transmutation : les champignons ! A la croisée entre animal et végétal ce peuple brille sous la pluie, revêt ses plus belles couleurs, textures et formes. Chaque être est un monde à lui tout seul et observer les Mycena Interrupta me fait plonger dans chacune de leurs abysses.

Les champignons, beautés délicates et éphémères de la Rainforest primitive de Tasmanie

Je suis également émerveillée par les souches des arbres qui sont naturellement tombés il y a des années. Traces mystiques d’une ancienne vie qui s’est transformée, laissant place à de magnifiques citées, abritant toute une diversité. Quand la mort laisse place à la beauté d’un nouveau cycle de vie.

Présence vibrante des citadelles végétales de la forêt ancestrale de Tarkine

Et à un instant, alors que je ne l’attends plus, alors que mon cœur s’est déjà chargé de toute la beauté des lieux, des liens humains et artistiques de cette aventure. Alors je peux les voir. Êtres divins et lumineux, emplis de grâce. Esprits de la forêt. Beauté du geste, beauté de l’éphémère. Marquée à jamais.

L’enseignement des arbres de la Tarkine

Au-delà de la beauté qui me touche au plus profond, je reçois dans cette forêt l’enseignement de certains arbres.

Quand les racines ne sont pas solides

Cet été la sécheresse en Tasmanie a été particulièrement intense. Dingo (guide de la forêt) explique que les arbres, ne trouvant plus alors les ressources dont ils ont besoin dans la terre, concentrent toute leur énergie dans le haut de leur être, dans leurs branches. Et quand l’automne vient, avec ses grandes rafales, ils ne sont alors plus suffisamment ancrés dans la terre. Ainsi de nombreux géants se font abattre par la puissance du vent.

Quand le changement climatique force les géants à se couper de leurs racines

Quel enseignement ici ? Pour moi le miroir est instantané. C’est celui de l’ancrage, de nos racines, du lien au corps et à notre propre terre. Je vois tellement ces schémas, en moi, en l’autre.

Lorsque l’on s’est coupé de notre ancrage, que ce soit par déracinement d’un pays à l’autre, par rejet de notre famille en ayant coupé les ponts, par rejet de notre corps en ayant vécu l’abus, alors toute notre énergie vient se loger dans notre tête. Notre mental devient omniprésent, nous coupant de la sagesse de notre corps et de la solidité de nos racines.

Alors nous sommes des équilibristes, résistants du mieux que l’on peut aux marées de la vie. Combien de temps pourrons-nous encore tenir ?

Voici le message de ces géants : Il est illusoire de se développer sans renforcer ses racines. Alors que veux-tu aujourd’hui ?

S’ouvrir comme une fougère arborescente

Autre expérience, en connexion avec les magnifiques fougères arborescentes. Au milieu d’elles, je ressens leur ouverture vers le ciel. Cette couronne qu’elles déploient pour capter la lumière.

Les fougères ont une croissance très lente et sont imputrescibles dans l’eau.

Leur partage : Ouvre-toi entièrement à la lumière du divin. Permet aux émotions de traverser ton corps mais ne les laisse pas te détruire.

Le rayonnement de la fougère arborescente dans la forêt de Tarkine

Sassafras, l’arbre aux fées

Dans la forêt de Tarkine j’ai rencontré les sassafras (Tasmanian Blackheart Sassafras). Inévitablement j’étais attirée par ces arbres. J’ai posé ma tente sous l’un d’eux. J’ai été fascinée par leur forme, leur expressivité, la variabilité de leurs couleurs. Ce ne sont pas les plus grands de cette forêt, mais ils sont magiques. Ils abritent de nombreux esprits et leurs feuilles ont un parfum puissant qui est à la base d’hallucinogènes bien connus.

Les sassafras blackheart, arbres magiques et endémiques de la forêt pluviale de Tasmanie

Leur bois est très recherché pour la création d’objets car il est doré avec des incrustations et stries noires. Ces marques, qui le rendent particulièrement beau, sont la trace des traumas des tempêtes, qui ont laissé les champignons entrer et créer ces nervures noires.

Alors sens-tu leur message ? Tu n’as pas besoin d’être le plus grand, le plus fort pour irradier de beauté. C’est ton histoire, comment la vie t’a modelé, qui fait toute ta magie et ton unicité.

Conclusion 

Très heureuse d’avoir pu te partager un petit extrait de cette magnifique forêt tasmanienne, au travers de mon regard, de mes écrits, photos et ressentis. J’espère sincèrement que cet article pourra à sa façon contribuer à la sauvegarde de ce lieu magique !!

Alors dis-moi, qu’est-ce que ça te fait de lire ça ? As-tu envie d’aller rencontrer cette forêt ? Ressens-tu l’importance de ce lieu et l’envie d’en protéger l’héritage et la beauté ? Comprends-tu les messages de la forêt ? Partage-le moi en commentaires 🤗💚